L’expression « risques psychosociaux » (RPS) est apparue au cours des années 2000 dans les préoccupations des professionnels de la santé au travail. Ce terme a d’abord été utilisé comme une extension du concept de « stress ».
Le stress désigne un déséquilibre entre la perception des contraintes de l’environnement de travail et la perception de ses propres ressources pour y faire face[1].
Le concept de stress a donc récemment servi de cadre de référence, même si les risques psychosociaux sont initialement apparus dans les années 1970 en relation avec les changements profonds du monde du travail[2].
Aujourd’hui, les discours et publications se multiplient autour d’un concept qui s’est érigé en un temps record comme un problème de santé publique majeur. Différents termes sont utilisés tels que :
Ces derniers regroupent d’ailleurs souvent pêle-mêle stress, harcèlement moral, souffrance, suicides, dépressions, troubles musculo-squelettiques (TMS), addictions ou violence[3].
Actuellement, les risques psychosociaux impliquent des concepts qui désignent soit
La difficulté qui réside dans leur définition est qu’ils se trouvent au carrefour des sphères personnelles et professionnelles et touchent à la subjectivité tout comme à la difficulté d’authentifier les troubles[4].
Cependant, une définition proposée dans le cadre d’un rapport rédigé sur demande de l’Insee[5] obtient un certain consensus et fait autorité depuis 2011. Selon cette définition, le concept de risque fait référence au lien entre l’exposition aux dangers du travail et les préjudices que cette exposition est susceptible d’engendrer[6].
Plus précisément, les risques psychosociaux sont
«des risques pour la santé mentale, la santé physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental »[7].
Pour le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), les risques psychosociaux désignent des risques pour la santé tels que :
Ces risques sont dus à une conception et une organisation du travail insuffisantes ainsi qu’à un mauvais environnement social sur le lieu de travail.
Ils peuvent avoir des conséquences néfastes sur :
Notons qu’en Suisse, différentes dispositions légales[9] obligent l’employeur à protéger la santé physique et psychique des travailleur-se-s. L’employeur peut donc être tenu pénalement responsable s’il a insuffisamment veillé à la protection de la santé psychique et physique des travailleur-se-s, que ce soit en matière d’ergonomie comme d’organisation du travail.
En Suisse,
Il existe une estimation du nombre de jours d’absence professionnelle liés aux risques psychosociaux :
De surcroît, on estime que :
Ces cas représenteraient donc, en raison d’une baisse de productivité, des coûts d’exploitation totalisant 3,3 milliards de francs pour un volume de travail évalué à 40,2 milliards de francs[12].
En Suisse, les contraintes les plus fréquentes sur le plan organisationnel sont :
Or, selon l’OMS, les bonnes pratiques en matière de gestion des risques psychosociaux sont bien souvent le reflet de bonnes pratiques dans la gestion d’entreprise.
La difficulté principale qui réside dans la gestion des risques psychosociaux est qu’il est difficile de les mesurer ou chiffrer à l’aide d’appareils. En effet, ces risques sont souvent liés à des contraintes psychiques qui sont rarement faciles à aborder pour les employé-e-s de l’entreprise, par peur de conséquences négatives telles que la perte de son emploi.
La gestion des risques psychosociaux demande donc une coopération étroite de la hiérarchie de l’entreprise avec tous les spécialistes de la prévention dans l’entreprise : Responsable Sécurité, DRH et autres spécialistes qualifiés[14].
Psychologue du Travail de formation, Julie Zumbühl est également spécialisée en Droit du Travail et Droit des Assurances Sociales. Ayant commencé sa carrière dans la recherche scientifique, notamment à l’EPFZ en matière de prévention des accidents mais aussi à l’Université de Fribourg et au HFR (Hôpital Cantonal de Fribourg) dans le cadre de différents projets tant en neurosciences qu’en neuropsychologie ou encore en psychologie cognitive, elle s’est par la suite perfectionnée dans la prévention de la santé de la santé en entreprise et le conseil en Ressources Humaines.
[1]Institut nation de recherche et de sécurité (INRS) pour la prévention des maladies professionnelles et des accidents du travail.
[2],4 Leduc, S., & Valléry, G. (2012). Les risques psychosociaux. Presses Universitaires de France.
[3] Lhuilier, D., Giust-Desprairies, F., & Litim, M. (2010). » Risques psychosociaux »: une nouvelle catégorie sociale? Erès.
[5] Institut national de la statistique et des études économiques (France)
[6] Brun, J.P., Biron, C., & Ivers, H. (2007). Démarche stratégique de prévention des problèmes de santé
mentale au travail, Rapport R-514 de l’IRSST.
[7] Ashkenazy, P. et al. (2011). Mesurer les facteurs psychosociaux de risque au travail pour les maîtriser.
[8] Troubles musculo-squelettiques (lombalgie, tendinite, syndrome du canal carpien etc.)
[9] Art. 55 et 328 CO, Art. 6, 59 et 60 LTr, Art. 3 OLT 3, art. 82 LAA principalement
[10] Service de centralisation de la statistique de la LAA ; Grebner, S. et al. (2010). Le stress chez les personnes actives occupées en Suisse – Liens entre conditions de travail, caractéristiques personnelles, bien-être et santé.
[11] on estime au moins à 300CHF/ jour le coût d’une absence professionnelle en termes de coûts directs et indirects confondus. (Läubli & Müller, 2009).
[12] Läubli, T. & Müller, C. (2009). Conditions de travail et maladies de l’appareil locomoteur : estimation du nombre de cas et des coûts pour la Suisse.
[13] Ramaciotti, D., & Perriard, J. (2000). Les coûts du stress en Suisse.
[14] SECO (2014). Conditions de Travail. Les facteurs de risques psychosociaux au travail.
A lire et à relire